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  • La Relectrice

L’écriture inclusive : entre progressisme et casse-tête

Dernière mise à jour : 4 août 2021






Guerre des genres et supériorité masculine

J’entends encore cette règle comme un refrain : « En grammaire, c’est toujours le masculin qui l’emporte. » Petite fille déjà, ça me questionnait. Ah bon, pourquoi ? « Parce que c’est comme ça. » Face à un tel argument, difficile de remettre la règle en question. En même temps, il en fallait bien une, de règle ! On n’allait tout de même pas faire des phrases à rallonge pour conjuguer chaque verbe, accorder chaque adjectif selon qu’il y ait ou pas de filles mentionnées dans la phrase. Oui, mais, quand même, s’il n’y a qu’un garçon et dix filles, c’est un peu injuste… Injustice ou pas, si je voulais réussir, il me fallait arrêter de poser des questions idiotes et apprendre bêtement la règle par cœur. C’est ainsi que, comme tous mes camarades, j’écrivis : « Le garçon et les filles étaient turbulents. » Sans « e », c’était comme ça. De la même façon, je notai le médecin et l’auteur, peu importe qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme. La véritable explication de cette écriture machiste c’est que :


« Le genre masculin est réputé plus noble que le féminin, à cause de la supériorité du mâle sur la femelle. » (Beauzée, 1767)

Bah oui, c’est bien connu. Du coup, pourquoi s’embêter comme les anglophones avec un genre neutre ? L’homme prévaut sur la femme, le masculin l’emporte donc. Un point c’est tout.


Oui, mais…

Apparemment je n’étais pas la seule à remettre cette grammaire masculine en question. Même qu’un tas de gens n’étaient pas d’accord. Parmi eux, certains ont travaillé au projet d’une écriture inclusive.


Objectif

L’objectif de l’écriture inclusive est d’englober toutes les personnes qui pourraient ne pas se sentir représentées par une désignation, que ce soit en matière de sexe, d’ethnicité, de religion, etc.


Quelques exemples d’utilisation

  • Termes universels : on dira « les droits humains » plutôt que « les droits de l’Homme »

  • Termes génériques : « le corps enseignant » plutôt que « les enseignants et les enseignantes »

  • Termes liés à la fonction : une auteure, une ministre, une docteure

  • Règle de majorité ou de proximité : « cinq femmes et un homme sont venues » (majorité de femmes), ou « un homme et cinq femmes sont venues » (proximité du mot « femmes » par rapport au verbe)

  • Usages typographiques et préférence en termes de lisibilité : il existe différentes façon d’écrire un même mot. Prenons l’exemple de l’adjectif « motivé » que l’on écrira en même temps au masculin, au féminin et au pluriel. On peut l’écrire ainsi :

    • motivéEs

    • motivé(e)s

    • motivé/es

    • motivé-e-s

    • motivé.e.s

    • motivé·e·s

Personnellement, je rejoins l’avis du plus grand nombre en préférant la dernière option, avec le point médian. C’est, en effet, la plus lisible.


Opposants et critiques

Je suis d’avis que le langage est à la base des mentalités et donc des comportements. Il nous structure et influence notre façon de penser. Nous pensons en fonction des mots que nous avons à notre disposition et nous agissons ensuite en conséquence. Une évolution de la langue, au travers d’une écriture inclusive, nous permettra donc d’évoluer dans le sens d’une société plus inclusive, elle aussi.


Evidemment, cette écriture ne plait pas à tous. D’aucuns diront que cela nuit gravement à la langue française. Monsieur et Madame Puriste voudront à tout prix préserver les usages moyenâgeux de cette langue qui leur est si chère. J’entends leur argument, toutefois je me demande où étaient-ils quand il s’agissait de défendre la langue française de l’ognon et du nénufar. Certes, il s’agit dans les deux cas de rectification d’une anomalie, mais alors, ne pourrait-on pas en dire autant de la situation qui nous importe ?


D’autres diront que l’écriture inclusive rend la lecture plus compliquée, moins fluide. À nouveau, je ne leur jette pas (directement) la pierre. Néanmoins, je crois que, comme pour tout, cela nécessite juste une période d’adaptation. Cela ne choque (et ne fait perdre de temps à) personne de lire des abréviations et symboles tels que : Mlle, etc., 15 h 35, 50 km/h, 3 €… Nous ne lisons pas lettre à lettre, nous comprenons directement ce que cela signifie et nous lisons le véritable mot. Alors, habituons-nous à l’écriture inclusive et, bientôt, cela ne sera qu’un jeu d’enfant !


Conclusion

Comme pour toute proposition de changement, cela prend du temps et demande une sérieuse remise en question. Mais pas seulement… Il s’agit également de réapprendre à écrire et cela nécessite courage et motivation ! Suis-je prête, moi, à réécrire tout mon site en écriture inclusive ? Hum… pas certaine. Il faut dire que je venais à peine de le terminer quand j’ai commencé à m’intéresser à ce sujet ! Donc, moi aussi, j’ai besoin d’un peu de temps pour m’y faire. En tout cas, quoi que l’on en pense, qu’on y adhère ou pas, cette nouvelle écriture a le mérite de faire évoluer les mentalités.

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