Ça y est, que vous ayez le stylo dans une main ou les dix doigts sur le clavier, que votre regard se porte sur la page encore vierge de votre carnet de notes ou de l’écran, vous vous sentez prêt.e à mettre par écrit les pensées qui traversent votre esprit depuis un certain temps déjà et qui, mises bout à bout, formeront, vous en êtes sûr.e, un merveilleux récit. Seulement voilà, je vous invite à différer quelque peu votre projet pour commencer par les bases.
Oh la rabat-joie ! Oui, mais c’est pour le bien de votre histoire…
Avant toute chose, je vous conseille de lire – si ce n’est pas encore fait – mon article de blog intitulé Préparez-vous à écrire votre roman en 10 étapes. Cet article se veut une liste complète des étapes à réaliser avant de vous mettre à l’écriture proprement dite. Les fiches de personnages constituent l’étape 5, suffisamment importante pour que je la détaille ici.
Pourquoi est-il primordial de créer des fiches de personnages ?
1. Pour l’authenticité
Peu importe que votre récit soit une biographie ou de la fantasy, que votre personnage soit largement inspiré d’une de vos connaissances ou que son caractère soit entièrement inventé, il faut qu’on y croie ! Mettre par écrit les caractéristiques principales de vos personnages de roman vous permettra de les analyser dans leur ensemble pour voir si elles produisent un tout authentique. Il ne s’agit pas seulement ici des caractéristiques physiques de vos personnages, mais de leurs traits de caractère, de leur façon de s’exprimer, d’éventuelles anciennes rancœurs qui expliqueraient leur personnalité actuelle ou un quelconque désir de vengeance.
On peut penser que cela est superflu, qu’il s’agit d’avoir quelques caractéristiques principales en tête et que le personnage prendra tout naturellement forme en même temps que le récit. Si cela est possible pour un auteur chevronné, il me semble hautement improbable qu’un auteur amateur parvienne à rendre son personnage authentique sans lui insuffler une grande partie de lui-même.
Laissez-moi vous illustrer cela par un exemple concret :
Caroline (appelons-la ainsi) a écrit son tout premier roman. Il s’agit d’une histoire d’amour entre une jeune danseuse de ballet et un chirurgien quadragénaire issu de la mafia italienne. Caroline a rencontré un gros problème d’authenticité avec ses personnages, principalement avec celui d’Alessandro, le chirurgien. Elle respectait pourtant scrupuleusement les caractéristiques qu’elle lui avait probablement données en amont : grand et beau, viril, gentil, lourd passé, cœur brisé, peur de faire confiance à nouveau… Il m’était pourtant impossible de croire au personnage d’Alessandro. Pourquoi ? Eh bien, parce que ce chirurgien de 40 ans, élevé au sein de la mafia italienne, parlait comme une midinette. Je grossis le trait, mais Caroline, romantique invétérée et nourrie aux histoires d’amour telle que, pour n’en citer qu’une, Twilight, a reporté sur son personnage masculin ses propres sentiments et émotions. Elle l’a fait parler comme elle aimerait qu’un homme lui parle à son âge à elle (Caroline n’a pas plus de 20 ans) et pas comme un homme de son âge à lui, avec son passé et sa carrière. Les mots qu’elle lui a mis dans la bouche, ainsi que le ton et la gestuelle qu’elle lui a fait employer n’étaient pas vraisemblables du tout.
2. Pour la cohérence
À moins de pouvoir s’enfermer nuit et jour sans aucune contrainte et de ne pas craindre la tendinite, on n’écrit pas un roman en une semaine. Cela prend du temps, et du temps, on n’en a pas toujours. Dans l’idéal, une fois que l’on s’attaque au récit, on y passe un peu de temps chaque jour, mais dans la pratique, le travail, les activités, les enfants, la vie en général quoi, fait qu’on doit souvent laisser quelques jours entre deux moments d’écriture. Et pendant ce temps, on peut facilement oublier ce qu’on a écrit. Si vous n’avez que cinq pages, vous pouvez rapidement les relire, mais cela ne sera plus possible dès lors que vous en aurez deux cents.
Dimanche après-midi, vous avez un petit moment seul.e, vous en profitez pour écrire. Vous êtes super inspiré.e, les mots s’écrivent tous seuls. Mais au beau milieu d’un paragraphe, vous vous arrêtez. Alba, la directrice de l’école, elle avait les cheveux bruns ou châtains ? À moins qu’elle ne fût blonde et que ce soit son assistante qui ait les cheveux bruns… ou châtains ? Cela peut paraître anodin, mais c’est le genre de détail qui nuit gravement à la cohérence d’un récit. Surtout si vous multipliez les incohérences, cela va de soi. Et là, bonne chance pour retrouver ces informations si vous ne savez pas précisément où chercher. L’intérêt d’avoir une fiche de personnage est de pouvoir vous y référer à chaque fois que vous avez un doute.
Idem pour le caractère ou la façon de parler : plus vous détaillerez Alba dans sa fiche, plus vous rendrez son personnage authentique et plus ses paroles et son comportement seront cohérents tout au long du récit.
Attention, être cohérent ne veut pas dire être consistant ! Les personnages, comme les humains, changent d’avis et évoluent !
3. Pour la catégorisation
Créer vos fiches de personnages à l’avance vous permettra de connaître précisément le nombre de personnages que vous voulez mettre en avant et de distinguer ceux qui seront sur le devant de la scène des personnages secondaires et de ceux qui n’interviendront que brièvement.
Plus un personnage est important, plus vous devrez le détailler. Au contraire, nul besoin de décrire de long en large la vie de la femme de ménage de l’école si sa seule intervention dans le récit est d’interrompre Alba pour passer l’aspirateur dans son bureau. Une simple information sur sa tenue ou le ton de sa voix suffira alors.
4. Pour l’inspiration
Si vous aimez les jeux de rôle, vous connaissez déjà les fiches de personnages. Elles vous donnent les caractéristiques principales du perso que vous interprétez, notamment ses forces et ses faiblesses. Pendant toute la durée du jeu, vous vous référez à votre fiche pour savoir ce que vous pouvez ou ne pouvez pas faire. Quand le maître de jeu vous demande ce que vous souhaitez faire face à un monstre en mode berserk, vous regardez votre fiche de personnage et faites travailler votre imagination à partir de là. Eh bien, en écriture, c’est pareil. Certes, c’est vous l’auteur et c’est vous qui dictez à vos personnages ce qu’ils doivent faire, mais vous verrez, les personnages, s’ils sont bien construits, prennent le dessus et font vivre l’histoire d’eux-mêmes. À un moment, l’idée s’imposera d’elle-même et vous vous direz :
« Mais oui, il faut qu’Alba s’emporte contre son collègue et lui renverse son café à la figure ! C’est ce qui serait le plus logique compte tenu de sa personnalité. » Vous aurez l’impression qu’Alba elle-même vous a soufflé ce nouveau déroulement, mais en réalité, c’est vous qui aurez posé les fondations de votre récit en décrivant de long en large la personnalité des personnages qui y évoluent. Vous vous permettrez ainsi de faire évoluer l’histoire. Elle ne sera pas figée, car vous changerez sûrement d’avis au fur et à mesure de votre écriture, mais au moins elle restera cohérente (au moins du point de vue des personnages).
Il ne vous reste plus qu’à décrire vos personnages, à présent ! Vous ne savez pas comment vous y prendre ? Mon prochain article de blog traitera de la façon de créer ses personnages. Où chercher l’inspiration ? Par où commencer ? Jusqu’où aller ? On travaillera sur un exemple concret.
En attendant, si vous avez des remarques ou des questions, vous pouvez toujours m’écrire à contact@larelectrice.fr
Si vous souhaitez que j’effectue une bêta-lecture de votre synopsis ou de votre récit, contactez-moi et je vous enverrai un devis personnalisé.
Au plaisir de vous lire,
Ludivine
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